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Le secteur industriel englobe toutes les activités de fabrication, d’exploitation minière, de foresterie et de construction. En 2009 seulement, la facture d’énergie de ces industries s’élevait à 33,3 milliards de dollars. La consommation totale d’énergie par industrie représentait 37 p. 100 de la consommation d’énergie globale (figure 5.1) et 31 p. 100 des émissions de GES liées à l’utilisation finale (figure 5.2).
En 2009, la part du PIB du secteur industriel représentait 23 p. 100 du PIB canadien total (sans compter le secteur agricole). Le participant principal au PIB industriel a été le sous-secteur des « autres industries manufacturières », qui englobe notamment les industries des aliments et des boissons, des textiles, de l’informatique et de l’électronique. La construction et l’exploitation minière ont été les deux seules autres industries dont la contribution au PIB du secteur industriel a été plus de 10 p. 100 (figure 5.3).
Même si le PIB est un indicateur de l’activité économique, une caractéristique importante du secteur industriel est que les industries ayant le plus haut niveau d’activité ne sont pas nécessairement les plus énergivores. Par exemple, seulement 3 p. 100 de l’activité économique est attribuable à l’industrie des pâtes et papiers qui consomme 18 p. 100 de l’énergie du secteur industriel. En revanche, 24 p. 100 de l’activité économique est attribuable à l’industrie de la construction qui consomme seulement 2 p. 100 de l’énergie du secteur industriel (figure 5.3).
Dans le secteur industriel, l’énergie sert principalement à produire de la chaleur et de la vapeur ou comme source de force motrice. Par exemple, le charbon est l’une des sources d’énergie utilisées par l’industrie du ciment pour chauffer les fours à ciment. Bon nombre d’autres industries utilisent le gaz naturel pour alimenter les chaudières en vue de produire de la vapeur et de l’électricité pour faire fonctionner les moteurs des pompes et des ventilateurs.
Le gaz naturel et l’électricité étaient les principales sources d’énergie utilisées dans le secteur industriel en 2009, répondant à 37 et 21 p. 100, respectivement, des besoins en énergie du secteur. Les déchets ligneux et les liqueurs résiduaires (13 p. 100) ainsi que le gaz de raffinerie et le coke de pétrole (15 p. 100) étaient les autres principales sources d’énergie utilisées.
Le type d’énergie employée varie grandement selon l’industrie. L’électricité est utilisée dans l’ensemble du secteur, mais c’est l’industrie de la fonte et de l’affinage qui est la plus énergivore, représentant près de 28 p. 100 de la consommation d’électricité du secteur.
Les déchets ligneux et les liqueurs résiduaires sont principalement utilisés dans l’industrie des pâtes et papiers, car ce sont des matières recyclées produites uniquement par cette industrie. Toutefois, une partie de l’électricité produite avec ces matières est vendue à d’autres industries.
Entre 1990 et 2009, la consommation d’énergie du secteur industriel a augmenté de 17 p. 100, passant de 2 710 à 3 168,4 PJ. Les émissions de GES liées à l’utilisation finale ont augmenté de 8 p. 100, passant de 134,3 à 144,5 Mt. Le PIB a connu une hausse de 25 p. 100, passant de 221 milliards de dollars ($ de 2002) en 1990 à 276 milliards de dollars ($ de 2002) en 2009 (figure 5.4).
De manière générale, les parts des différentes sources d’énergie sont demeurées relativement constantes entre 1990 et 2009, alors qu’on a observé une hausse de la consommation de la plupart des sources d’énergie au cours de cette période, à l’exception du mazout lourd, qui a connu une diminution de 67 p. 100, et du coke et du gaz de fours à coke, avec une diminution de 30 p. 100.
L’utilisation à la baisse du mazout lourd est en partie attribuable au fait que l’industrie des pâtes et papiers, la plus grande consommatrice de mazout lourd, a adopté d’autres formes de combustibles, notamment les liqueurs résiduaires. Ce changement a été facilité par la conclusion de contrats que l’on peut interrompre avec des fournisseurs d’énergie, permettant à l’industrie de réagir aux variations des prix relatifs des combustibles. En 2009, le gouvernement du Canada a créé le Programme d’écologisation des pâtes et papiers (PEPP)7, qui offre aux usines de pâtes et papiers un financement de 0,16 $ pour chaque litre de liqueur noire brûlée.
La foresterie, l’exploitation minière, la fonte et l’affinage, et les autres industries manufacturières ont toutes connu une forte croissance de leur consommation d’énergie depuis 1990. La foresterie a cependant consommé moins d’énergie comparativement aux trois autres sous-secteurs (exploitation minière, fonte et affinage, et autres industries manufacturières). On décrit plus en détail l’évolution de ces trois principales industries ayant contribué à la demande d’énergie, ainsi que l’évolution de l’industrie des pâtes et papiers.
Depuis 1990, on enregistre une hausse de la consommation d’énergie de l’industrie minière de 176 p. 100 et de ses émissions de GES liées à l’utilisation finale de 154 p. 100. Le PIB de l’industrie minière a augmenté de 30 p. 100 au cours de la période de 1990 à 2009, passant de 38,9 milliards de dollars ($ de 2002) à 50,6 milliards de dollars ($ de 2002), comparativement à une hausse de 25 p. 100 pour l’ensemble du secteur industriel.
L’exploitation minière en amont a été l’industrie ayant le plus contribué à l’augmentation du PIB de l’exploitation minière, représentant 90 p. 100 (45,4 milliards de dollars) en 2009. Toutefois, l’activité pour les sables bitumineux a été le principal facteur de l’augmentation de la demande d’énergie des industries d’exploitation minière.
Les activités d’exploitation minière en amont comprennent les opérations des sables bitumineux. Depuis la fin des années 90, la production avec des ressources non classiques (sables bitumineux) s’est accrue. Encouragés par les progrès technologiques qui ont réduit les coûts de production, ainsi que par les recettes supplémentaires obtenues des prix plus élevés du pétrole brut, les investissements dans les projets de sables bitumineux sont devenus beaucoup plus intéressants.
En 1985, la production de bitume et de pétrole brut synthétique s’élevait à 35 000 mètres cubes par jour (m³/jour). Elle a atteint 71 000 m³/jour en 1996 et a fait un saut à 212 000 m³/jour en 2009. Cette hausse est le facteur principal expliquant l’augmentation de 310 p. 100 de la consommation d’énergie depuis 1990 par l’industrie de l’exploitation minière en amont (figure 5.5).
Le sous-secteur de la fonte et de l’affinage est le troisième sous-secteur en importance qui a contribué à l’augmentation de la demande d’énergie. Cette hausse est principalement attribuable à la croissance économique reflétée par l’augmentation du PIB, qui est passé de 2,8 milliards de dollars ($ de 2002) en 1990 à 4,6 milliards de dollars ($ de 2002) en 2009, soit une hausse de 67 p. 100. Au cours de la même période, les émissions de GES connexes ont augmenté de 10 p. 100.
Depuis 1990, la majeure partie de l’augmentation de 59 p. 100 de la consommation d’énergie dans ce sous-secteur est attribuable à la production d’aluminium, laquelle a enregistré une croissance de 93 p. 100 entre 1990 et 2009 (figure 5.6).
La consommation d’énergie pour la production des pâtes et papiers a diminué de 23 p. 100 depuis 1990, et représente désormais 18 p. 100 de la consommation d’énergie du secteur. C’est dans l’industrie de l’usine du papier journal que l’on enregistre la plus forte baisse, avec une réduction de 48 p. 100 depuis 1990 (figure 5.7). Les émissions de GES de l’ensemble du secteur ont diminué de 57 p. 100 depuis 1990.
La consommation d’énergie de la catégorie des autres industries manufacturières a augmenté, passant de 551,1 à 635,9 PJ entre 1990 et 2009. Les émissions de GES étaient d’environ 28 Mt en 1990 et en 2009, alors que le PIB a augmenté, passant de 102,3 milliards de dollars ($ de 2002) à 131,3 milliards de dollars ($ de 2002).
L’industrie des produits du bois est la plus grande consommatrice d’énergie de la catégorie « Autres industries manufacturières ». Les entreprises de cette catégorie mènent les activités suivantes :
Cette industrie représentait 7 p. 100 de la consommation d’énergie du sous-secteur des autres industries manufacturières, avec 47,2 PJ. La hausse annuelle moyenne était de 0,3 p. 100.
Plusieurs facteurs ont influé sur l’évolution de la consommation d’énergie et de l’intensité énergétique. Depuis 1990, l’intensité énergétique a diminué à un taux annuel moyen de 0,3 p. 100, passant de 12,3 mégajoules (MJ)/$ de 2002 du PIB en 1990 à 11,5 MJ/$ de 2002 du PIB en 2009 (figure 5.8). Signalons qu’entre 2008 et 2009, l’intensité énergétique a augmenté de 12 p. 100, alors que l’utilisation de la capacité a chuté de 8,4 points de pourcentage, passant à 69,6 p. 100, ce qui est bien en dessous de l’utilisation de la capacité9 de 78,9 p. 100 constatée au cours de la récession de 1991.
Dans l’ensemble, 6 des 10 industries ont réduit leur intensité énergétique10 entre 1990 et 2009. Quatre industries l’ont accru : exploitation minière, raffinage du pétrole, foresterie et sidérurgie. C’est l’industrie de la foresterie qui a enregistré la plus forte hausse de l’intensité énergétique, avec 129 p. 100. La figure 5.9 montre que la consommation d’énergie dans l’industrie de la foresterie a augmenté de 65 p. 100, tandis que le PIB a diminué de 28 p. 100. Dans le secteur de l’exploitation minière, le changement vers la production de pétrole brut non classique a contribué à l’augmentation de l’intensité énergétique.
Des gains en efficacité énergétique et un changement vers des activités moins énergivores ont contribué à la diminution de l’intensité énergétique. Les améliorations de l’efficacité énergétique sous la forme de pratiques plus efficaces à l’égard des capitaux propres et de la gestion sont des facteurs importants. Une autre variable clé liée à l’intensité énergétique est le taux d’utilisation de la capacité. Ce taux est calculé en divisant le niveau de production effective pour une installation (mesuré en dollars ou en unités) par son niveau de production maximal dans des conditions normales.
En 2009, l’industrie canadienne a réduit sa facture d’énergie de 6,2 milliards de dollars grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique (figure 5.10). Elle a diminué de 592,8 PJ sa consommation d’énergie et de 27 Mt ses émissions de GES. Comme on l’a déjà indiqué, l’analyse de cette année comporte une évaluation de l’incidence de la variation de l’utilisation de la capacité11.
La figure 5.11 illustre l’incidence de divers facteurs sur la variation de la consommation d’énergie du secteur industriel entre 1990 et 2009. Les effets sont les suivants :
Par ailleurs, l’efficacité énergétique des industries manufacturières a permis de réduire la consommation d’énergie de 688,5 PJ en 2009 si l’on ne tient pas compte de l’utilisation de la capacité (figure 5.12).
De plus, afin de procurer une meilleure évaluation des gains en efficacité énergétique dans le reste de l’industrie, l’analyse de factorisation a été effectuée sans tenir compte du secteur de l’exploitation minière en amont et de l’utilisation de la capacité.
Sans ce secteur, les industries canadiennes ont amélioré leur efficacité énergétique de 35 p. 100, soit une économie d’énergie de 881,5 PJ (figure 5.13).
La figure 5.14 illustre l’incidence de l’activité, de la structure, de l’utilisation de la capacité et de l’efficacité énergétique sur la variation de la consommation d’énergie dans le secteur industriel sans le secteur de l’exploitation minière en amont :
7 Le PEPP offre aux usines de pâtes et papiers un accès unique à un fonds de un milliard de dollars pour le financement de dépenses en capitaux propres visant à rendre leurs installations plus écologiques. Les usines de pâte à papier situées au Canada qui produisaient de la liqueur noire entre le 1er janvier et le 31 décembre 2009 étaient admissibles au financement. Les usines ont reçu un financement basé sur un crédit de 0,16 $ le litre de liqueur noire brûlée jusqu’à ce que le financement de un milliard ait pleinement été alloué.
8 SCIAN, code 21, sans compter 213118, 213119 et une partie de 212326.
9 Les taux d’utilisation de la capacité sont des mesures de l’intensité avec laquelle les industries utilisent leur capacité de production. L’utilisation de la capacité est le pourcentage de la production effective sur la production potentielle.
10 MJ/($ de 2002) – PIB.
11 Voir l’annexe B pour obtenir une définition de l’utilisation de la capacité.